3.7.10

samedi trois juillet deux mille dix

Tout le monde ment… Je mens, tu mens, il ment, nous mentons, vous mentez, ils mentent. C'est un fait, le verbe s'accorde à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Donc, tout le monde ment. Les quatre mots s'alignent sur un panneau lumineux au beau milieu de la gare de Lyon. Il est sept heures trente du matin, les quais sont bondés, l'atmosphère moite, l'orage n'a pas encore éclaté. Les voyageurs ignorent le message. Ils s'en foutent, c'est les vacances… leurs vacances. Alors tout le monde peut bien mentir, moi, toi, lui, les politiciens, nos enfants, les profs, mon voisin, nos parents, etc., ce n'est pas grave. Je reste un bout de temps devant cette affiche, avant de faire une photo, à contempler le manque de ponctuation. Il n'y a ni point (le mensonge est sans fin), ni virgule (aucune suite, aucun rattrapage), ni point d'exclamation (nous sommes blasés), ni point d'interrogation (c'est une certitude)… Dans 10 minutes il y a un train qui part pour Menton. À bientôt dans la crise!
Le crotale hivernant

27.6.10

dimanche vingt sept juin deux mille dix

Le créneau est short. C'est très court deux heures. De dix-huit heures à vingt heures… c'est écrit. Avant c'est la merde… après ça recommence. Et à quel prix ce "Happy Hour"? À moitié prix c'est sûr mais surtout à celui d'une belle gueule de bois. Donc, c'est bien ça? Le "Happy Hour" c'est quand on est complètement ivre? À bientôt dans la crise!
Le crotale hivernant

2.6.10

jeudi trois juin deux mille dix

La vie, la belle… Une baignoire remplie d'eau chaude, un bateau de pirates Playmobil, un super Picsou géant et la vie devant soi. Aujourd'hui, j'ai reçu un mail de Sisyphe avec un hyperlien:
Compliquée, la crise? Tu parles, un enfant de 4 ans la comprend.
Alors, je vais voir et je lis. Instructif bien entendu… Mais là, les pirates attaquent le bateau, Donald est amoureux de Daisy, j'entends le lent plic plic régulier du robinet qui goutte comme une mélodie… Il est trop tôt, beaucoup trop tôt pour abandonner les pirates ou la lecture de Picsou et essayer de comprendre cette crise. Il a neuf ans, elle a quatre ans. Ils sont en âge de comprendre. Mais je ne veux pas qu'ils la comprennent… pas tout de suite. Un jour peut-être… Ou un jour jamais. Il faut d'abord qu'ils comprennent comment fonctionne le système solaire, comment un vélo reste en équilibre, comment on peut pédaler sans tenir le guidon, comment délivrer la princesse qui est attachée au mât du bateau… Comment être un gentil pirate mais avoir l'air méchant… Il faut d'abord qu'ils comprennent l'essentiel. La crise, on verra ça plus tard… et j'espère jamais. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

30.5.10

lundi trente un mai deux mille dix

New York, mai 2010. D'un côté il y a les chinoises et les blacks qui tirent des chariots remplis de canettes en acier dés l'aube. De l'autre il y a les freegans, jeunes, souvent salariés, et pas forcément dans le besoin, qui refusent de continuer à faire partie de cette société de surconsommation qui jette chaque jour aux ordures 50% de sa production. Les premiers vont trimer pour récolter assez d'aluminium et intégrer une bande organisée qui recycle les métaux trouvés dans les déchets des grandes villes américaines pour gagner quelques dollars de plus. Les seconds s'activent à la nuit tombée et opèrent en groupes pour récolter ce que les restaurants et supermarchés jettent : pain, légumes, gâteaux… dont la date limite de consommation s'arrête le jour même et qui sont pourtant encore consommable. Ce mouvement politique radical américain dénonce le grand gâchis mondial des consommateurs que nous sommes… un exemple à suivre. À demain dans la crise! (cliquez sur le lien bleu ci-dessus pour voir une vidéo des freegans)
Le crotale hivernant

25.5.10

mercredi vingt cinq mai deux mille dix

"Hé! maman… c'est des barres, le ED a été braqué avec un pistolet à billes!" Mon ado de fils est allongé sur son lit en jean et T-Shirt "Nique Ta Mère" home made. Il est mort de rire, l'annonce est diffusée sur son Facebook. Ce sont des gamins qui ont fait ça… Je fouille dans mon ordinateur et je récupère le texte que m'avait envoyé Boucle d'Or il y a quelques mois : "En 1929 la crise économique fait rage! Deux Robins des Bois décident d'aller chercher l'argent là où il est: Bonny & Clyde. Plusieurs épargnants ont vu leur fortune disparaître avec la faillite des banques. C'est donc une des raisons qui amènent les gens à les considérer plus comme des «Robins des Bois» que comme des criminels. À cette époque ceux qui commettent des vols de banque exercent une certaine fascination sur le peuple. La seconde raison qui fait que les gens ne les perçoivent pas comme aussi dangereux est l'amour qui les unit… Où sont nos Bonnie et nos Clyde version 2010 ?"
Bonnie & Clyde sont de retour. Ils sont beaucoup plus jeunes et beaucoup plus affamés : ils piquent des paquets de BN, des packs de bières et de la menue monnaie. C'est triste, le butin est si maigre. À la maison, j'ai des marmots, un pistolet à billes et un sac de billes… et le frigo plein pour l'instant. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant & Boucle d'Or

24.5.10

mardi vingt cinq mai deux mille dix

"La nourriture c'est de l'amour". Le poulet, le poisson… tout ça, c'est de l'amour. Je suis un peu troublée devant ce slogan peint sur une voiture ambulante de junk food. Pourtant je comprends les mots, mon anglais n'est pas trop mauvais. Mais quand je traduis ces trois mots, je ne comprends pas le sens. Ne disait-on pas "vivre d'amour et d'eau fraiche" jusqu'à présent? Visiblement tout a changé : si on manque d'amour on peut se rabattre sur la nourriture, combler le manque en ingurgitant des tonnes de bouffe… joyeux programme! J'ai envie de décoller les lettres et de pouvoir lire "Love is food". Plus tard dans la journée, j'enchaîne sur un Mac Do sur la sixième avenue : l'amour a un goût dégueulasse. Il est vite consommé, mal digéré, pas cher payé. Je reste sur ma faim et pourtant j'ai la nausée, mais tout ça sera très vite oublié. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

10.5.10

mardi onze mai deux mille dix

T'es dans quel camp toi? Celui des opprimés? Des oppresseurs? Des victimes? Des bourreaux? Des martyrs? Des tortionnaires? T'es dans quel camp?… Des chômeurs? Des travailleurs? Est-ce qu'on est vraiment obligé de choisir un camp? Est-ce qu'on est vraiment obligé d'être un éléphant bleu jeté à la rue, à la poubelle, aux encombrants? Parce qu'au final on devient encombrant, non? Non. Je ne vais pas choisir de camp, je vais rester Moi : avec un interdit d'émettre des chèques pendant les cinq années à venir (avenir?) et un billet d'avion Paris-New York pour un départ dans quelques jours… Je reste dans les deux camps, un point c'est tout. Je ne suis ni oppresseur, ni opprimée, ni victime, ni bourreau, je suis vivante et c'est déjà pas mal (même si ça fait mal). À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

9.5.10

dimanche neuf mai deux mille dix

Centre Leclerc, ce week end, mon petit panier sous le bras, je repère la caisse la moins bondée. Exercice de style qui consiste aussi à vérifier qu'il y a bien un présentoir de journaux TV pour patienter le temps d'une interminable (ou inter minable) queue. Cool : la 12, en plus il y a ma "copine" à la caisse, celle qui dégaine les articles plus vite que son ombre et qui les scane avec la rapidité de l'éclair. Je fonce droit sur elle, suivie de deux autres personnes caddies bondés. Une seule personne devant moi, c'est géant! Je frétille… mais pas longtemps. La cliente qui me précède sort d'un discret chariot à roulettes noir des concombres. Quatre, quatre autres, encore quatre… et de nouveau quatre concombres… Et ça n'en finit pas… le tapis roulant est entièrement recouvert de concombres, je n'arrive même plus à les compter. La caissière non plus… elle affiche un regard effaré en regardant le lit de concombres. "On va les compter." déclare t-elle. Premier essai : "53". "Ah non pas possible, c'est une promo de quatre concombres, répond la cliente, et 53 n'est pas un multiple de quatre". Oui ça c'est sûr, alors on recompte. Je sors mon Iphone pour prendre une photo et la cliente derrière moi se met à ricaner puis sort son portable aussi : "Bah oui c'est vrai! C'est dingue quand même… elle en fait quoi de tous ces concombres?" Nouveau ricanement. La caissière par contre ne rit pas, elle s'est encore planté dans son calcul. Un tout petit peu énervée, elle demande à sa cliente ce que personne n'ose demander : "Et vous allez en faire quoi de tous ces concombres madame?". On tend tous l'oreille. "Bah! Je vais les manger tiens pardi! C'est en promo, ça vaut le coup quatre concombres pour un euro". Je regarde la caissière et je peux lire dans son regard un grand moment de solitude (voir photo). Au loin, dans un haut parleur, on entend " Super promo sur les concombres. Quatre pour un euro". Je sens qu'elle va flancher, que là, tout de suite, elle a besoin d'un très gros câlin. Mais en fait ce n'est pas vraiment ma copine, je ne la connais pas assez pour faire ce genre de choses avec elle. Alors j'esquisse un vague sourire et j'espère juste qu'elle aimera bien mes articles. Il n'y a rien en double, j'ai vérifié. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

6.5.10

jeudi six mai deux mille dix

La scène est très simple : une Mercedes Benz gris métal, une rue en sens unique assez étroite, un autobus rempli de travailleur éreintés pressés de rentrer chez eux et moi, à la fenêtre avec une cigarette faisant volutes et plaisir de vivre. Il est vingt heures. La Mercedes se gare en double file (comme je ne suis qu'une pauvre fille, je ne vous préciserai pas le modèle, mais je suis déjà assez fière d'avoir reconnu la marque), deux types en sortent (pour ceux qui auraient lu le post du jeudi huit avril deux mille dix, ce sont les deux mêmes idiots qui pissaient sur leur Merco). Ils filent direct au café "lounge" du coin, laissant la voiture au milieu de la chaussée. L'autobus arrive et bien évidemment il ne peut plus passer. Ma clope est intégralement grillée alors je la jette (comme un vrai mec… avec une pichenette du bout du majeur qui projette la cigarette loin, très loin, oui je me suis entraînée et maintenant j'arrive à le faire…) et je ferme la fenêtre. Mais les doubles vitrages n'arrivent pas à étouffer le klaxon intempestif de l'autobus. Vingt heures trente, le klaxon rugit toujours… puis se tait. Je jette un coup d'œil à la fenêtre : le chauffeur du bus s'engage en troisième entre la voiture et le trottoir. Le rétroviseur droit de la Mercedes est pulvérisé! Les travailleurs vont enfin rentrer chez eux… ouf! Vingt et une heures : le rétroviseur est toujours au milieu de la chaussée, il ressemble à un pauvre petit cadavre d'oiseau. C'est triste à pleurer. Je regarde sur internet le prix d'un rétroviseur de Mercedes Benz : 279 euros hors pose! Ca va faire cher l'apéro… Vingt deux heures, autre cigarette, autres volutes et plaisirs de vivre. Le rétro est toujours sur la chaussée mais il y a un petit changement : les deux types sont revenus et sont en train de poser du film plastique alimentaire sur la porte arrière gauche. Quelqu'un leur a explosé la vitre. De plus en plus cher cet apéro au bar "lounge" du coin… Je n'ai pas le courage de regarder le prix d'une vitre chez "care-glace-répare-care-glace-remplace" sur le net. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

5.5.10

mercredi cinq mai deux mille dx

Crise oblige, c'est la récession… alors on essaie de dépenser de moins en moins. Après m'être privée de chocolat, taxis et autres futilités pour conserver celle que j'appelle "God bless Florica", j'ai enfin pris la décision de me séparer de la perle rare : celle qui nettoie ma maison de fond en comble dans les moindres recoins, même ceux dont je ne soupçonnais pas l'existence… Et "God bless Florica" venant habituellement le mercredi nous avons aujourd'hui, les filles de la maison et moi, frotté, récuré, aspiré, lavé, plié, rangé, etc… Je parle des filles parce que les garçons se sont volatilisés, l'un aux toilettes (je sais une journée entière ça peut paraître long…) et l'autre dans sa chambre (à classer cinq T-shirt et trois jeans). En dehors de l'économie substantielle de faire le ménage soi-même, l'aînée a découvert que nous avions un aspirateur et comment il se mettait en marche et la petite, une vocation pour le nettoyage des vitres et des miroirs (et principalement ces derniers parce qu'on peut se regarder dedans en travaillant et ça, c'est assez génial!). Généralement ça me gonfle assez de faire le ménage chez moi (chez les autres aussi bien sûr) mais cet après midi a été une bonne journée de crise. Bien sûr c'est moins nickel que si Florica l'avait fait elle même mais j'aurai quand même eu la joie de voir Margot passer l'aspirateur entre son lit et son mur, et la petite Hortense m'engueuler parce que c'est tellement le bazar dans mon bureau qu'elle ne voit pas comment elle pourra nettoyer : "Maman t'as cinq minutes pour tout ranger!" À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

4.5.10

mardi quatre mai deux mille dix

Je ne connais pas son nom, ni sa nationalité (même si j'ai envie de dire "chinois", ce qui est complètement absurde…), ni son âge (entre 30 et 50 ans, le teint lisse) mais je le connais bien. Depuis des années il arpente les poubelles de mon quartier jour et nuit, équipé d'un caddie à carreaux vert et noir. Inlassablement il fouille chaque bac vert, jaune, marron. Au début sa femme l'accompagnait. Elle le suivait le ventre plein et l'œil vide. Puis une poussette trouvée sans doute dans une poubelle a accueilli l'enfant. La femme je ne l'ai jamais revue, l'enfant oui. Il a grandi et il suit son père dans ses fouilles accroché au caddie. Quand je regarde la scène cela m'évoque immédiatement le roman de Cormac McCarthy dans lequel on suit le voyage d'un "homme" et d'un "petit" dans un monde post-apocalyptique et dont les seules richesses sont contenues dans un caddie de supermarché et un sac à dos. Pour tout vous avouer, j'ai refermé le livre à la page 80 tellement l'ambiance était plombée voir déprimante. Le "no futur" à l'état pur… je vais me faire un Beigbeder pour me retaper tiens! Un snoopy fera l'affaire même… Mais si je ferme le livre, le "chinois" est toujours là, de poubelle en poubelle, de carcasses de poulet en chaussettes dépareillées tout est bon à prendre. Récemment je me suis dit que finalement la crise ne changeait pas grand chose pour lui, que cette putain de crise il la vivait depuis des années. En fait non, la crise est dure pour lui aussi : les poubelles maigrissent, les carcasses sont grattées jusqu'à l'os et les chaussettes dépareillées reviennent à la mode. Bref, le "no futur" à l'état pur… McCarthy n'a rien inventé, son histoire métaphysique basée sur le mythe de Sisyphe est plaquée sur le réel : la condition humaine contemporaine. C'est encore pire que dans le roman, personne ne peut refermer le livre… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

30.4.10

vendredi trente avril deux mille dix

J'ai un souvenir plutôt précis et émouvant des petits bouts de tétons de Marianne sur le billet de cent balles. Petit, elle m'intriguait beaucoup cette femme à baïonnette à moitié à poil avec son gros drapeau à bout de bras. Elle avait un air volontaire même si je trouvais que son visage n'était pas très bien dessiné. Surtout, à ses côtés, il y avait ce gosse à béret - un peu triste - avec ses deux gros flingues et son petit gilet de flanelle. Deux tétons bien fermes, un gosse armé jusqu'aux dents... Moi il me faisait cogiter le billet de cent francs. Je me demandais qui ils étaient, cette femme gaillarde et ce gosse motivé. La maman et son fiston ? Une pute et un gosse de rue façon Montmartre ? Je ne savais pas trop... Ce que je savais c'est que j'avais moi aussi des gros flingues en plastique et un air un peu triste. Et quand je courrais dans le jardin avec mes gros flingues, j'aurais bien aimé avoir alors à mes côtés cette grande madame torse nu avec son drapeau. Ça aurait fait classe et j'aurais pu mater ses tétons. Mais non. À l'époque j'avais juste mon petit frère. Lui aussi en revanche il avait des gros flingues et peut-être aussi il fantasmait sur ce billet de 100 francs... Ce qui m'échappait un peu en revanche sur ce beau papier-monnaie façon étude à la sanguine, c'était le visage de cet homme à moustaches, austère à souhait, au premier plan. Déjà il n'avait pas de cou. Ou alors il avait froid et il avait rentré sa tête dans son col. C'était possible. On fait ça des fois, rentrer sa tête dans son col quand on a froid. Mais alors la dame derrière avec ses deux tétons à l'air, elle devait être vraiment réchauffée comparée au bonhomme de devant. Et puis qui c'était ce type ? Je veux dire qui c'était pour cette femme et ce gosse ? Le papa du gamin ? Drôle de papa qui laisse courir son gosse avec deux gros flingues à côté d'une femme à poil. Le mari de la dame ? Drôle de mari qui laisse sa femme courir à poil à côté d'un gamin avec deux gros flingues. Il y avait dans ce dessin quelque chose d'incongru qui soulevait en moi une foule de questions assez variées...
Un jour, à la caisse d'une boutique où on réglait un achat, j'ai demandé à mon père qui était cette femme sur le billet de cent francs.
Marianne.
Marianne... C'est ce qu'il m'a répondu mon père. Juste un prénom, comme ça, rien d'autre. Sans hésiter. La femme aux beaux tétons s'appelait Marianne et mon père la connaissait. Puisqu'il connaissait son prénom, sans hésitation. Un peu comme il connaissait le prénom de quelques larges femmes au torse généreusement bombé du quartier Saint-Denis - où il travaillait alors - qui l'appelaient par son prénom et avec qui il plaisantait souvent au passage. Raccourcis. Déductions. Amalgames. Associations d'idées. À huit ans en tout cas, j'en concluais déjà que Marianne était bel et bien une pute de la rue Saint-Denis et le petit gars à ses côtés un pauvre gosse à la rue... À demain dans la crise!
L'autre Nicolas

26.4.10

mardi vingt sept avril deux mille dix

Rendez-nous le père Noël! Celui que l'on attendait 364 jours par an, celui qui était suivi de près par le père Fouettard (mais qui finalement ne venait jamais bien entendu), celui en qui nous pouvions mettre tous nos espoirs, tous nos rêves les plus fous… Le palais des merveilles, là-haut quelque part sous la neige, travaillait dur pour nous durant les mois d'été. Rêves de celluloïd, de métal laqué, de froissements de papier, de bolduc scintillant, de bonheur bien emballé… Les vitrines de Noël sur les grands boulevards pour patienter, un ou deux pères Noël façon Jugnot, des marrons chauds dans des cornets en papier… Mais le père n'existe pas, il n'existe plus.
Dans les rayons jouets aujourd'hui, petit repérage : un cochon tirelire en porcelaine bariolée made in China plus gros qu'un rice cooker du même fabriquant sans doute, une caisse enregistreuse avec scaner incorporé (bien plus rapide et pratique que l'ancien modèle à manivelle Madame!), un rack de liasses de billets d'euros (principalement des coupures de 50, 100, 200 et 500 euros), un jeu de société dont le but du jeu est de savoir "Qui est le plus riche", etc, etc…
Je suis écœurée (une fois de plus me direz-vous) mais cette crise fabrique des rêves de petits banquiers en mal de treizième mois. Nos chères têtes blondes veulent du fric, encore plus de fric, être riche à millions, voire les plus riches… Dans dix ou quinze ans, notre société n'aura plus de maîtresses d'école, d'infirmières, de vétérinaires, de pompiers, de policiers, de gendarmes… mais seulement des voleurs. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

18.4.10

dimanche dix huit avril deux mille dix

Espace aérien fermé. Eyjafjallajökull saupoudre l'Europe de basalte, de silice et de dioxyde de soufre. "Un avant goût de ce que sera la fin du monde" disent certains… "une catastrophe économique pour les compagnies aériennes" (147 millions de chiffre d'affaire perdu) évaluent les autres. Dehors, le ciel est si clément. Pas un nuage, pas une poussière… Juste un grain de sable dans l'engrenage. La planète aussi est en crise mais cette fois, il n'y a rien à faire. Alors on attend… que l'espace aérien ouvre de nouveau. "Espace aérien"… il y en avait donc un. Il s'en est fallu de peu pour que Eyjafjallajökull ait continué sagement de sommeiller et que l'on en prenne jamais conscience. À "aérien" dans le dictionnaire, je peux lire : allègre, guilleret, bondissant, agile, alerte, souple, vif… Il y avait donc tout celà au-dessus de nos têtes. Alors j'attends que l'espace aérien ouvre de nouveau, c'est une très belle perspective. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

14.4.10

jeudi quinze avril deux mille dix

Napoli, avec Ariane

« Invitation » par la principessa N. H. de S.P. ,post- mondaine désabusée « je suis en pré-faillite », à passer la semaine de Noël dans son Palazzo Marigliano, à Naples.
Cérémonieuse, elle nomme cet endroit, qui lui sert en même temps, de galerie d’art contemporain, « Le Purgatoire », du nom d’une ruelle proche, en plein centre monumental.
Décollage 9h 35 Roissy Charles de Gaulle, 3°C.
Par le hublot de l’Airbus A 320, la géométrie du paysage enneigé.
Accueil à l’arrivée par un vol
nuage,
orage,
présage,
d’étourneaux
piazza Plebiscito
17° C, soleil radieux.
La Principessa di cartone fait commerce de tapis, et négocie avec la mafia la location de pallazzo fracassato aux aménagements vétustes, dissuadant ses « invités » de cuisiner pour renflouer les pizzerias voisines.
Fausse particule, parenté fantasmée avec une célébrité artistique, collection de copies d’œuvres conceptuelles, déchets customisés style Elle Déco 80’s, œuvres lettristes aux provocations désuètes.
« Chacun est une Déception » constate sentencieusement une typo d’Elzévir rouge sur un vaste panneau en Plexiglas noir, laissées en dépôt par des copains désargentés, elle en expose des doubles dans un entrepôt qui tient lieu de galerie pour les « vernissages », en chaussons, pour ne pas salir les kilims.
R. K., amant inventé, dont elle s’évertue à disséminer dans l’appartement des preuves de vie, lettres, articles de journaux, photos floutées, ex libris ostensiblement signés, traces factices laissées par ce bisexuel américain de roman avec qui elle organise d’hypothétiques orgies littéraires et pornographiques.
Études imaginaires au Caire, vie mouvementée d’aventurière de magazine dans le monde des salons décomplexés artistiques et intellectuels internationaux.
Le « Purgatoire », mal éclairé, complètement à l’abandon, meublé d’éléments de récupération rébarbatifs et branlants, salles de bain étriquées, fils électriques à vif courant le long des murs, ampoules nues tremblotantes, chauffages hésitants, électroménager défectueux, cuisine minuscule et décourageante.
Aucune armoire, commode ou rangement : Filin d’acier, cintres impratiques, caisses rabotées tables de nuit.
Tapis :
Sol en ciment brut recouvert de tissages marocains, kilims dessus de lit, housse de canapé, tentures aux portes.
Terrasse en carrelage de terra cota défoncé
« Sublime pour le petit déjeuner»
peuplée de ferraille christique rouillée,
lourde table en verre fêlé
Deux sièges de jardin désossés,
Pleine lune :
Vieux couple rêvant sur la terrasse.
snob, « esthétique » codée, destinée à l’élite.
Malgré la détresse du lieu, les recoins de ces ruines hantées,
Colonnes fêlées, balcons suspendus
labyrinthe précaire et fascinant,
sont terriblement romantiques.
Palazzio Marigliano,
somptueux et fracassé,
échos de claquements d’éventails de courtisanes, aux escaliers de basalte
charme fissuré des marbres à l’abandon,
Vestiges saupoudrés de farine de pizza et cendres volcaniques accumulées.
Dans la cour aux larges pavés de lave du Vésuve, le vieux concierge, représentant de Cosa Nostra, contrôle avec bonhomie les allées et venues des fantômes piaffant des chevaux d’antan.
Dans notre chambre, une installation de balais créée par un artiste conceptuel.
Je complète l’œuvre avec une balayette achetée à la droguerie via dei Tribunale.
Lampe Déco tendance, en fil de fer, à partir d’une bouteille de liquide vaisselle au salon du « Purgatoire ».
Traversée du miroir :
Éclairage municipal bricolé dans un couvercle de poubelle en plastique vert au coin de la via del Paradiso.
Napoli est malade, désertée par les touristes,
grèves de poubelles,
épidémies,
choléra,
sous-sol sapé par la mer,
superstition tribale,
pauvreté,
violence,
politiques,
ecclésiastiques,
Lotta Continua,
Camorra,
Corruption statutaire.
Autant d’églises que de cafés, de capuccino que de capucins.
Pulcinella, les pieds dans l’eau salée, se noie dans l’eau bénite.
Vol d’étourneaux, personne ne mène l'ensemble, leader, hiérarchie, chacun suit le voisin.
Tout Napoli pourrait se retrouver dans le cratère du Vésuve, si un gamin y glissait par mégarde.
Ruelles étriquées, au pavage noir volcanique, labourées par d’impatientes Vespas aux Klaxons irrités.
Mes Tarots Beline m’avaient prédit que le séjour ne se passerait pas comme prévu, mais qu’il serait magnifique.
Quand à mon pendule, en ce moment il fait le mort, je ne sais pas ce qu’il a, il ne me dit que des conneries.
Jacques di Donato,
(clarinettiste, batteur, bal musette, Stockhausen, free jazz, Mozart, Boulez, tournées internationales, maître en karaté, il m’a enseigné la sauce tomate)
et moi,
au cours d’un dîner dans un restaurant du faubourg Saint Antoine
avons établi une règle :
Quand nos promenades nous mènent aux endroits
Bistrot,
jardin,
Appartement,
privé ou public,
hôtel, n’importe,
Où sommeille un instrument dont nous pouvons tirer quelques notes,
Offrir trois minutes de musique aux gens.
À Naples, je joue :
Un blues en mi sur la guitare sèche accrochée au mur d’un restaurant de Capo di Monte.
Une mélodie napolitaine à l’accordéon assis sur une valise
avec un duo de mandolinistes manouches coiffés de canotiers
Trottoir via Toledo.
Du djembé, soleil couchant, sur un banc capitonné de la piazza Bellini avec une rythmique d’adolescents en pleine crise face book néo afro.
« My favourite things », au Café Gambrinus, à la demande d’un maître d’hôtel qui danse de joie, sur le Steinway désaccordé du grand salon art nouveau.
Une improvisation piano d’étude middle jazz sous un chromo du Titanic, à l’American Center de Santa Lucia, veille de Noël, le Vésuve à la fenêtre
Le serveur du bar rêve à sa soirée en famille :
« Natale ? chiuso ».
Natale, messe de minuit
Cathedrale du Duomo avec l’envoyé du pape
J’ai offert une mantille à Ariane
Procession de caricatures grimaçantes
Sale coup pour le Christ
Ecclésiastiques blasés gros et gras saluent la foule des fidèles avec indifférence
Négrillon avec parasol, encens, or et argent, Petit Gèsu en celluloïd dans les bras fatigués du prélat mitré
Les gens se prennent dans les bras, nous serrent les mains avec ferveur Napoli est chiuso,
Tout est noir dans l’écho des ruelles rien à craindre
Sous la protection du concierge de Cosa Nostra, on se fait cuire des pâtes à la Di Donato, dans une gamelle d’aluminium de la mini cuisine du Purgatorio
La nuit sera belle et la Camorra n’en saura rien…
À demain dans la crise!
Alceste

13.4.10

mercredi quatorze avril deux mille dix

L'argent n'a pas d'odeur. L'argent est sale pourtant... C'est peut-être pour ça qu'on doit le blanchir. De temps en temps. Tout le temps vous dites ? Normal : le temps c'est de l'argent. Vous voyez bien qu'on n'en sort pas. On étouffe carrément. Ouvrez donc cette fenêtre s'il vous plaît. Jetons donc tout notre argent par les fenêtres. C'est à la mode. Vraiment ? Tout ? Des billets alors : les lingots ça risquerait de blesser quelqu'un. Plaie d'argent n'est pas mortelle, répondez-vous. Mais ça c'est vous qui le dites. Avez-vous déjà parlé à un misérable ? Déjà que l'argent comptant n'avait jamais fait le bonheur. L'argent mécontent ça doit faire de ces trucs dans la tête de ces gens là ! Aux misérables ! À force... D'un autre côté ils en ont pour leur argent, comme tout le monde. Eux, c'est juste l'argent qu'ils n'ont pas. Il faut dire que l'argent file... File... Comme une Porshe sur une autoroute allemande. Après tout ils n'avaient qu'à mettre leur argent de côté. Quand ils en avaient. Finalement c'est que l'argent ne doit pas leur être si cher à ces gens là. Ouais, on en est là : argent trop cher, pourtant, la vie n'a pas de prix... Téléphone. Police. L'argent de Police ? Beaucoup sans doute, ils ont bien vendu. De toutes façons l'argent attire l'argent, c'est comme ça. On n'y peut rien du tout. Dans la police comme dans tout. L'argent leur brûle les doigts. On dit ça de la police mais c'est vrai aussi chez les pompiers... Stop. Stop. Assez parlé d'argent. En France on ne sait pas parler d'argent. Je pourrais pourtant l'allonger à loisir ce billet et continuer à vous raconter n'importe quoi. Preuve qu'on fait bien argent de tout. À demain dans la crise!
L'autre Nicolas

12.4.10

mardi treize avril deux mille dix

Ligne 5, 23 heures 15, entre Bastille et gare du Nord… je ne sais plus. Elle monte dans la rame : très jeune, vingt ans à peine, blonde, mince, le teint diaphane, une écharpe rose fuschia nouée autour de ses frêles épaules. Sa bouche articule des mots que je ne comprends pas, Mademoiselle K hurle dans mes oreilles "On est tout seul la nuit…Et on compte que sur soi la nuit…/… Le doute existe…". Mais je n'ai pas besoin de comprendre ce que dit cette fille, ça se lit sur son visage, et tout au fond de ses yeux. J'ai subitement la nausée, elle est bien trop jeune pour ça… Quelle merde! Elle longe le couloir et tend sa main vers chacun… Ce soir tout le monde a la nausée dans la rame. Les pièces s'amoncèlent dans sa main. Elle ressemble à la petite fille aux allumettes. Est-elle en train de griller sa dernière allumette? Sa dernière chance? D'elle, il me reste cette image, floue parce que volée "à l'arrachée" au moment où elle me fait face et que je dépose moi aussi mon inconsistante pièce. Mais il me reste surtout un goût amer au fond du ventre proche de la nausée et une autre image beaucoup plus forte qui ne me quitte pas et qui s'accroche au fond de moi. C'est comme une morsure. La douleur est vive et tenace. À demain dans la crise…
Le crotale hivernant

11.4.10

dimanche onze avril deux mille dix

Petit calcul complètement idiot : combien ai-je dépensé en cigarettes depuis ma première clope en cachette dans les toilettes du collège? Première clope infecte qui brûle la gorge et donne le tourni… alors on recommence le lendemain. Toujours aussi dégueulasse… mais à force d'acharnement les suivantes deviennent meilleures, jusqu'à sublimes. Et aujourd'hui j'ai fait ce petit calcul idiot. Bon, en même temps c'est dimanche, j'ai déjà fait une sieste, du pain perdu, étendu deux machines de linge, peint une vingtaine de cubes en bois pour le boulot… Alors je pouvais bien me permettre quelques minutes absurdes non? Combien? Hein, combien? Quarante mille cent cinquante euros!!! J'en entends qui font "Ahhhhhh!" et d'autres "Ohhhhhhh!", d'autres plus prolixes "Ahhhhh ouai putain!"… Et bien moi, je vous avoue, ça ne m'émeut même pas. En fait, je m'en fiche royalement. Ce qui est fait est fait… J'émets à peine un petit "Hum…" sans intonation particulière. Car elles étaient délicieuses… bon d'accord pas toutes. Mais j'en ai apprécié beaucoup. Surtout celles qui calmaient une bonne crise de larmes, qui accompagnaient une bonne crise de fou rire ou un excellent verre de vin, qui me tenaient compagnie lors d'une attente interminable sur le quai d'une gare ou devant un téléphone muet… Leurs volutes ont accompagné tant de bons et mauvais moments de ma vie, alors oui, je me fiche totalement de ce que ça a pu me coûter. Je pourrais aussi faire le calcul de combien j'ai déjà dépensé chez ma psy ou en paires de chaussures avant d'avoir ma psy… ou en tablettes de chocolat, en dépassement de forfait téléphonique, etc… Mais là je n'ai plus le temps, j'ai un chili à cuisiner et je dois d'abord trouver la recette. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

9.4.10

vendredi neuf avril deux mille dix

Je me sens bien… juste le temps d'une parenthèse. Le soleil chauffe mon dos et mon âme, les rires des enfants qui jouent dans le square retentissent et s'infiltrent par ma fenêtre ouverte. Chuttt… ne rien dire de plus, ne plus penser à rien. Tais-toi. Suspendre le temps à jamais dans cette petite parenthèse d'insouciance… tendre seulement l'oreille à ceci :

Fish in the sea you know how I feel
River running free you know how I feel
Blossom on the tree you know how I feel


Its a new dawn

Its a new day

Its a new life

For me
And I'm Feeling Good
(Muse)

Le crotale hivernant

7.4.10

jeudi huit avril deux mille dix

Je hais cette crise… définitivement. Indéfectiblement. Continuellement. Infiniment. Continument… À faire du coloriage au beau milieu de la nuit pour le compte d'un client victime lui aussi de la crise semble-t'il et qui a divisé ses tarifs par deux (mais pas EDF ni GDF…), j'enchaine successivement couche de jaune safran, jaune d'or et ocre jaune. Entre chaque couche, une cigarette (oui je sais, si j'arrêtais, cela me ferait de substantielles économies mais il paraît - enfin c'est ce qu'on dit- qu'il ne faut jamais arrêter de fumer dans des périodes de crise sinon on reprend dare dare quand revient l'acalmie!). Bref, une couche de jaune, une cigarette à la fenêtre, etc… Dehors une Mercedes grise flambant neuve se gare en double file sous ma fenêtre, deux types en sortent bruyament. Le passager urine entre deux voitures et le conducteur sur la portière de sa propre voiture. Pisser sur sa Mercedes!… ça laisse rêveur. S'ensuit une discussion sur : "Quand chuis vraiment bourré… raahhh putain… j'ai trop envie… de pisser!". Je ferme la fenêtre, c'en est trop pour moi… Au-dessus de ma tête une petite fille pleure toutes les vingt minutes parce que sa gorge lui fait mal. Elle a une angine. J'enchaine alors couches de jaune, cigarettes et câlins pour calmer la douleur… Je hais cette crise… assidument. Perpétuellement. À jamais… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

mercredi sept avril deux mille dix


Velouté de cosses de petits pois

Après avoir cuisiné des petits pois (1kg à 4,10€ + petits oignons blancs, 2-3 carottes & des lardons) pour aller avec votre poulet rôti du dimanche midi, il vous reste a peu près le même poids de cosses. Que faire? Pas de désespoir… vous garderez les cosses que vous équeuterez.
Placez-les dans une cocotte. Ajoutez 4 ou 5 pommes de terre épluchées et coupées en morceaux. Couvrez d'eau et de lait en proportions égales et ajoutez 4 cubes "or". Portez a ébullition. Faites cuire a feu très doux 30 à 40 minutes.
Passez la soupe au mixeur. Attention les cosses de petits pois sont rebelles et font des fils qui risquent de se coincer dans la lame du robot. Enlevez-les au fur et à mesure. Une fois totalement mixée, passez la soupe au tamis au-dessus de votre soupière. Petit truc : ne pas ajouter de poivre, étonnement les cosses ont un petit goût poivré. Versez de la crème liquide en ruban… du concentré de douceur de vivre, saupoudrez de bonheur, ajoutez un grand éclat de rire… régalez-vous, la crise a bon goût (parfois…). À demain dans la crise!
Boucle d'or

6.4.10

mardi six avril deux mille dix

Lundi de Pâques, je fais la queue dans la pharmacie de garde place de Stalingrad. Devant moi un junkie qui demande une boîte de Subutex, malheureusement il n'a pas de prescription, il n'y a rien à faire. Il enchaine un long monologue pour ne pas repartir bredouille et conclue par : "… si c'est comme ça, je vais prendre des granules homéopathiques…! Donnez-moi de l'aurum metallicum, alors !" Interpellé, je demande à la gentille dame en blouse blanche étincelante une explication sur ces fameux granules. "Ah, ça! C'est contre les pensées noires " lance-t'elle. Je veux les mêmes… j'en veux aussi. La crise s'infiltre comme une nappe de pétrole dans les recoins de la vie, une vraie flaque d'idées noires, et les drogués ne peuvent plus s'offrir d'opiats de qualité… À demain dans la crise!
Sisyphe et le crotale hivernant

1.4.10

jeudi premier avril deux mille dix

I had a dream. Pas plus tard que la nuit dernière. C'est marrant : ce rêve je le fais de façon très régulière depuis des années... Depuis toujours peut-être. Pas de grosses voitures dans mon rêve, pas de voyages lointains, pas de bimbos en silicone, pas de grand cru classé en jéroboam, pas de château en Espagne... Pas de château du tout d'ailleurs. Non, pas de château, mais une cabane... Une de ces cabanes de putain de sa race ! Petite à souhait, presque invisible, sans fenêtre, 200% bio, couleur noisette, made in bout de ficelle et sueur de gosse. Une vraie belle cabane dans laquelle on sent le vent filtrer. Les odeurs aussi. Celles du dehors, du printemps. L'odeur du Choco BN goût choco, même si le Choco BN goût choco n'a jamais rien senti du tout. La poupée du Père Opinel au bout du pouce gauche, la croûte fraîche au genou droit, le vélo rouge jeté sur un lit de feuilles. Et encore le vent…
Forcément le réveil est toujours terrible quand on a la chance de passer la nuit dans une cabane comme la mienne. Un café, deux cafés : Shazam ! Voilà parti mon rêve, dissout dans le quotidien gris-bleu du jeudi laborieux.
Et puis là, d'un coup, à 14 h 30, le voilà qui revient - vague et rapide comme un petit rot. Mon rêve. Et avec lui la fugace sensation d'un avenir forcément très beau. On peut toujours rêver… À demain dans la crise!
L'autre Nicolas

31.3.10

mercredi trente et un mars deux mille dix

Dehors, c'est le déluge… des litres et des litres d'eau qui ruissèlent de haut en bas. Dedans, c'est l'organisation… la réorganisation. Tout autour, la crise n'en finit pas de s'étaler comme une flaque d'eau… et le niveau monte. C'est le déluge, tout le monde risque de se noyer… certains ont déjà commencé et ils surnagent tant qu'ils peuvent en faisant des ronds dans l'eau. D'autres ont plus de chances, ils ont des barques de fortune en forme de compte en Suisse, des radeaux brinqueballants pas plus gros qu'une carte bancaire… moi j'ai un pistolet à colle. J'ai construit l'échelle avec, les plans de l'arche je les avait déjà… ils étaient écrits dans la Genèse: "Fais-toi une arche en bois résineux, tu la feras en roseaux et tu l'enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras: trois cents coudées pour la longueur de l'arche, cinquante coudées pour sa largeur, trente coudées pour sa hauteur. Tu feras à l'arche un toit et tu l'achèveras une coudée plus haute, tu placeras l'entrée de l'arche sur le côté et tu feras un premier, un second et un troisième étages". J'ai modifié quelque peu les plans mais mon arche est construite. Aussi solide qu'une boule à riz, elle est en fer blanc et de nombreuses ouvertures permettront d'observer le paysage tout au long du voyage. Sa forme aérodynamique me propulsera vers d'autres galaxies en un éclair. Je n'ai plus qu'à charger les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel. À demain dans la crise! Peut-être…
Le crotale hivernant

29.3.10

mardi trente mars deux mille dix


I don't love the mountains
And I don't love the sea
And I don't love Jesus
He never done a thing for me
I ain't pretty like my sister
Or smart like my dad
Or good like my mama

It's Money That I Love
It's Money That I Love

They say that's money
Can't buy love in this world
But it'll get you a half-pound of cocaine
And a sixteen-year old girl
And a great big long limousine
On a hot September night
Now that may not be love
But it is all right

One, two
It's Money That I Love
Wanna kiss you Three, four
It's Money That I Love
Used to worry about the poor

But I don't worry anymore
Used to worry about the black man
Now I don't worry about the black man
Used to worry about the starving children of India
You know what I say about the starving children of India ?
I say, "Oh mama"

It's Money That I Love
It's Money That I Love
It's Money That I Love

Randy Newman

28.3.10

dimanche vingt huit mars deux mille douze

C'était comment avant la crise? Avant ma crise de croissance… avant ma crise d'acné, d'urticaire, ma crise d'adolescence, ma crise existentielle, la crise pétrolière, la crise des médias, la crise alimentaire, celle des subprimés, la crise mondiale, la crise immobilière, ma première crise d'éternuement, ma dernière crise d'angoisse, ma prochaine crise de fou rire… c'était comment…? Je me souviens de mon rire dans ce grand champ parsemé de trèfles, de l'herbe humide contre ma joue, du ronronnement d'une tondeuse à gazon dans le lointain, de l'odeur de la terre mouillée, du soleil qui joue avec le feuillage des arbres, des fourmis qui courent le long de mes bras… je me souviens de l'innocence. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

27.3.10

samedi vingt sept mars deux mille dix

Tout commence par un café/clope au tabac du coin… il est tôt, nous sommes samedi. Mes doigts s'attardent sur la tasse de café brûlant, mes poumons sur les volutes de nicotine, mes yeux sur les affichettes publicitaires des journaux à scandale scotchés sur la façade du bar-tabac-presse-restaurant-maison du peuple contemporain, et je lis : "Jeunes, riches & voleurs. Le gang s'habillait en Prada"! Magnifique! Onirique! Je jette la cigarette, la tasse de café et je me rue à l'intérieur pour acheter le magazine en question. Un euros (géniale cette crise, le people est à bas prix!), le titre : Envy (au cas où on ne l'ai pas, "Envy" de l'acheter…). Une excellente journée se présente à moi : 106 pages de ragots, conseils pour être encore plus maigre (parce que d'une semaine à l'autre si l'on suit tous les conseils des magazines on n'en finit pas de maigrir), de pages mode (ah bon les années 80 c'est nouveau?), etc… que du bonheur. Enfin presque. Je tourne frénétiquement les pages et je lis en diagonale (en chute libre) l'article sur les jeunes riches voleurs. Mouais… bon, ils sont jeunes, beaux, riches et ils braquent les villas des stars à Los Angeles de Lindsay Loan, Paris Hilton, à Orlando Bloom… habillés en Prada. Je suis déçue… en fait je m'en fiche complètement parce que j'ai un peu l'impression qu'on en est tous là. On se sape, on se maquille, on se hausse sur des talons de 15 cm de haut pour aller prendre de l'argent à la banque. Et moi, ça me fait toujours l'effet d'un braquage de retirer des sous à la tirette. Je mets mon plus beau sourire, mon battement de cils le plus dramatique et je demande des sommes exorbitantes que mon banquier n'oserait pas m'accorder s'il distribuait les billets lui même. Mais tout est parfait, il est dans sa planque, dans son agence (j'ai d'ailleurs une magnifique photo de son pitoyable bureau mal rangé équipé d'un PC vintage et envahit de trombones…) je peux donc braquer tranquillement la banque et comble de l'ironie, je n'ai même pas de veste Prada… ni même un porte clef ou un sac plastique. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

24.3.10

jeudi vingt cinq mars deux mille dix

Quartier Strasbourg Saint Denis, ce soir : un restaurant façon routiers… je pousse la porte. À l'intérieur, des nuages de nicotine remplissent l'atmosphère, un téléviseur diffuse le match de Lens/Saint Étienne et Dire Straits nous accueillent en beuglant "Money for nothing". J'en suis certaine, c'est la sortie de crise. Alors s'enchainent, dans le désordre, sur fond de tableaux naïfs de femmes nues simulant l'orgasme : côte du Rhône en pichet, cigarette, escargots, Nina Hagen, rillettes, encore une cigarette, foie de veau avec "peau tatosse" (lire potatoes…), les Ritas Mitsouko suivi de Ziggy Stardust, un autre pichet de côte du Rhône s'il vous plaît madame, une autre cigarette, un café, une dernière cigarette et on y va non?… Non. Les vendeurs de roses se succèdent tout au long de la soirée… les yeux me piquent, je suis vivante. C'est bon. Un type pousse la porte avec une pile de 45 tours sous le bras, les consommateurs au bar enchainent bière sur bière entrecoupées de quelques cigarettes et reprennent les refrains d'ACDC. C'est une bonne sortie de crise. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

22.3.10

lundi vingt deux mars deux mille dix

C'est la dèche quand…
… il n'y a plus de PQ et qu'on est obligé d'en piquer au café du coin.
… il n'y a plus de lait pour la marmaille et qu'on va en taper aux voisins.

… on n'a plus de dentifrice et qu'on se lave les dents avec du savon de Marseille.
… il n'y a plus de crème hydratante et qu'on prend des échantillons.


… on n'a plus de sac pour l'aspirateur et qu'on doit vider l'ancien.

… il n'y a plus de couverts propres et qu'on doit utiliser l'argenterie pour manger.
… on n'a plus une seule culotte propre et qu'on doit mettre un maillot de bain à la place.



… À demain dans la crise!
Le cotale hivernant

21.3.10

dimanche vingt et un mars deux mille dix

17 heures dans un appartement près de la gare du Nord. Une poupée Barbie trône à quelques 3 mètres du sol perchée sur une poutre. En dessous : rien, juste un vaste chantier avec sacs de plâtre, planches de bois, gros outillage etc… Tout va bien, je quitte l'appartement.
17 heures 15 à deux pas de la gare du Nord, un noir avec une gueule à la Issach de Bankolé, pas mal, attend devant une pissottière Decaux. Une voiture de flics s'arrête et l'interpelle "Qu'est-ce que tu fous là? T'attends quoi?!!" etc… "Bah rien… j'attends que ça soit libre. J'ai pas le droit de pisser?" répond le type. Les flics descendent dare dare de leur Batmobile et se jettent sur lui. "Circulez mademoiselle!! Y a rien à voir!!!" OK… je circule, de toute manière c'est exactement ce que j'étais en train de faire. Je continue donc mon chemin avec une sérieuse envie de gueuler et je me retourne quelques mètres plus loin. Le type est plaqué au mur à côté de la pissottière les deux mains menottées dans le dos. Tout va mal, je quitte le quartier.
18 heures je suis de nouveau devant mon ordinateur et je lis : "La Barbie noire vendue moitié moins chère que la Barbie blonde". Elle coûte en effet 3 dollars chez Wal-Mart aux Etats-Unis alors que Barbie blonde elle, coûte 5,93$… Parfois les journées se déroulent ainsi, tout va de Charybde en Scylla : de cette Barbie sur le chantier au jeune type noir de la pissottière, j'en arrive à cette nouvelle que les Barbies noires valent moins chères que les blanches. Il faut que je réfléchisse là… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant
PS : Au départ, je voulais vous donner la recette de la soupe de fanes de petits pois. J'éspère que vous ne regretterez pas trop…

20.3.10

samedi vingt mars deux mille dix

La crise a un avantage certain c'est qu'elle nous laisse du temps libre. On travaille le samedi quand même, pas tant qu'on soit débordé ni "charrette", mais il n'y a pas d'urgence alors on a un peu traîné toute la semaine à chercher, fignoler, rechercher, refignoler, défignoler… Nous sommes donc samedi, je suis rivée à mon ordinateur et je navigue de Photoshop à Itunes puis de Facebook à Photoshop. Sur Photoshop, tout va bien c'est sans surprise. Itunes émet un ronron rassurant. Sur Facebook, une surprise m'attend… une petite publicité (à peine 3 cm sur 3) en haut à droite de ma page : Meetic VIP! Alors je clique sur le lien prometteur sans attendre une seconde… et là, tout est magnifique : les filles couvertes de diamants minaudent dans des limousines avec fauteuils en cuir ou sur des yoats en bikini Dior. Les garçons ont des cravates en soie sauvage, une coupe de cheveux telllllement élégante et un regard de jeune loup avec salaire qui va avec. Je suis médusée! La page d'accueil me dit que je suis sur un site "select et privé" celui des rencontres "haut de gamme". Rohhhhhh… Alors un poids énorme me quitte, je me sens tout à coup sereine pour mon avenir… à quoi bon retourner sur Photoshop puisque la solution est là? Pas de boulot, pas de fric? Meetic VIP! L'inscription est gratuite (ils ont pensé à tout…) et un pseudo et un mot de passe plus tard je peux trouver un mari avec yoat, chauffeur en livrée, limousine et gros salaire!! En même temps, tout bien réfléchi, je crois que je vais retourner sur Photoshop…
À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

19.3.10

vendredi dix neuf mars deux mille dix

Parfois les lecteurs du jour(nal) de la crise se demandent si les articles du blog sont des informations sérieuses ou juste une affabulation de ma part et de celle de mes acolytes. Soyez rassurés, tout est vrai… Alors pour vous prouver ma bonne foi (mais là, je n'engage que moi), je vais vous donner les bons numéros du prochain tirage du loto (ce soir à 20 heures) : 2-12-13-19-32 + 41. Un petit conseil, ne jouez pas la combinaison suivante 1-9-18-24-46 + 7, elle est perdante. Scanez la grille et envoyez-la par mail à votre banquier. Objet du mail : Soyez rassuré, À: monbanquier@mabanqueroute.com. À demain dans la crise (ou peut-être pas…)!
Le crotale hivernant

17.3.10

mercredi dix sept mars deux mille dix

Mon mac et moi, on travaille dur… je fais ce qu'il me dit de faire et je m'applique. Les clients sont rois. Tous les matins, je l'allume et ça fait de moi une allumeuse mais j'assume. Avant la crise, je n'avais pas besoin de lui pour m'en sortir mais aujourd'hui je prends ce qui vient, je ne suis plus vraiment regardante sur la gueule du client ni sur ses desideratas… je m'applique et je ne bronche pas. Dans le dictionnaire, on peut lire : "mac (maquereau) : personne qui se livre au proxénétisme" et à proxénétisme : "délit consistant à tirer des profits de la prostitution d'une personne." Et c'est exactement ce qu'il fait. Il profite de la crise pour me faire bosser avec des clients grincheux, exigeants pour des sommes de plus en plus médiocres. Et tout le monde en profite. Je fais des ronds de jambes à tour de bras parce que je n'ai pas le bras long. Mais j'ai la tête sur les épaules et la main heureuse alors je ne m'inquiètes pas… je n'ai pas les deux pieds dans le même sabot. À demain dans la crise! ()
Le crotale hivernant

16.3.10

mardi seize mars deux mille dix

Non ce n'est pas une crise d'adolescence, c'est une régression totale… Crise oblige on accepte n'importe quel boulot pourvu qu'il renfloue les caisses de la banque de France à défaut de son compte en banque à l'allure d'un évier sans bonde et on se retrouve à bosser sur PC. Adieu Mac, interfaces logiques, plaisir d'offrir et joie de recevoir! La crise m'a transformée en geek boutonneux (trois boutons d'acné dont un qui compte pour dix sur le nez…) et rien ne pourra arrêter cette descente vertigineuse vers les bas-fond du travail vite fait mal fait (rien à voir avec le travail de Finou! voir post du vingt quatre février), tardivement payé mal payé… Donnez-moi des Dragibus, du Fanta, des Pépitos, un pot de Nutella, un big Mac! Je dois finir mes devoirs et refiler tout mon argent de poche à mon cochon rose de banquier. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

12.3.10

vendredi douze mars deux mille dix

Un euro trente = un bol de soupe lyophilisé chinoise ou 500 grammes de pâtes à potage étoiles Panzani, une boîte de sardines à la tomate, un paquet de chips Vico saveur Bacon, une boîte de ratatouille niçoise ou de cœurs de céleri, un litre de lait entier, 4 pots de semoule au lait à la vanille, 34 biscottes multi céréales, 1,5 l de Sprite… Franchement cette soupe ne vaut pas celle de Boucle d'or (voir post de mercredi dernier) mais quitte à manger mal, je préfère manger chinois c'est plus exotique non? Mais la vraie question c'est : "Comment une assiette de pâtes avec un vague coulis de tomates et une pincée de parmesan peut côuter 12 euros dans un restaurant italien"? À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

11.3.10

jeudi onze mars deux mille dix

Vous saviez qu'au Moyen-Âge en Europe on jetait le caviar aux cochons? Véridique! On n'était pas plus bête qu'aujourd'hui, seulement on n'aimait pas le caviar. Mais on aimait déjà le cochon. Et l'esturgeon! Aujourd'hui, un seul kilogramme de ces petites œufs gris se négocie autour de 6.500 euros… en moyenne. Si vous avez un esturgeon à la maison bichonnez-le. Et les prix sont à la hausse malgré la crise... Profitons donc de ces temps difficiles pour vite nous gaver de rognons de porc avant que les goûts changent et les prix flambent. Et si pour vous c'est la demi-crise, alors passez plutôt aux rognons de veau : un peu plus chers mais nettement plus fins ! En revanche, ça n'est pas parce que les temps sont durs qu'il faut faire n'importe quoi à la cuisine. Le rognon de porc se mange bien cuit et en sauce, souvent flambé - comme le prix du caviar - alors que le rognon de veau, au goût moins puissant, se mange rosé et juste grillé. Honoré de Balzac disait que le rognon "est un met canaille que l'on ne peut manger qu'entre soi, et surtout pas au dîner". Moi j'en mange au dîner aussi. Je dois être rustique ou alors en avance sur mon temps. Bon appétit et à demain dans la crise!
L'autre Nicolas

9.3.10

mercredi dix mars deux mille dix

C'est mercredi et, crise oblige, il n'y a plus de raviolis… Voici deux recettes à prix imbattables : moins chères qu'une boîte de raviolis Dia (je ne parle même pas d'une excellente boîte de raviolis à la bolognaise Buitoni!!), plus savoureuses et plus digestes. Et tant qu'il reste un peu d'herbes et de plantes sur la planète, profitons-en…

Velouté de feuilles vertes
(pour 4 personnes)
blettes 2,54€
lait : 0,22 (0,89€ le litre)
1 sachet de 125g de mousseline : 0,33€ (1,34€ les 4 sachets de 1 personne)
4 cube or : 0,26€ (1,04€ la boite de 16 tablettes)
coût total 3,35€, soit 0,84€ par personnes

Séparez les feuilles des blettes, réserver les côtes pour le gratin. Coupez les feuilles en petit morceaux et versez-les dans une cocotte. Ajouter 50cl d'eau, 25cl de lait et les 4 "cube or" puis portez à ébullition. Laissez cuire 30 minutes environ à feu doux (la couleur des feuilles doit foncer légèrement mais ne pas noircir). Mixez la soupe chaude, très finement dans une soupière, ajoutez le sachet de mousseline et mélangez au fouet. Ajoutez une noix de beurre, fouettez à nouveau et laissez reposer 10 minutes. Réchauffez si besoin.

Gratin de blettes

(pour 4 personnes)
côtes de blettes : 0€ (puisque déjà achetées pour le velouté)
6 pommes de terre : 0,97€ (1,95€ le kg de 12 env)
fromage râpé : 1,35€
50 cl de lait : 0,45€ (0,89€ le litre)
beurre
farine
2 pincées de muscade
2 cube or : 0,13€ (1,04€ la boite de 16 tablettes)

coût total : 2,90€, soit 0,72€ par personne

Coupez les blettes en tronçons et cuisez-les à la vapeur, ou en cocotte minute (8 minutes à partir du pchitt). Faire cuire les pommes de terre à l'eau et coupez-les en morceaux de taille moyenne. Préparez une béchamel (beurre, farine, lait, cube or, muscade) et disposez les côtes de blettes avec les pommes de terre dans un plat à gratin. Verser la béchamel et recouvrez de fromage râpé. Faites gratiner à four chaud.

On peut donc faire dîner une famille de 4 personnes pour 6,25€, soit 1,56€ par personne
3 critères de la lutte anti-crise garantis : estomac rempli, apport en vitamines et fibres et économies. À demain dans la crise!
Boucle d'or

8.3.10

mardi neuf mars deux mille dix

Yes! C'est THE bon plan de l'année! Je ne pensais pas en avoir d'aussi parfait à vous annoncer en ces temps de crise… et je jubile, je trépigne, je sautille. Bon… je vais droit au but, je ne jouerai pas avec vos nerfs, alors voilà : le total look de la crise se peaufine et les créateurs de prêt à porter ont planché dur cet automne pour nous rendre addicts d'une mode en totale adéquation avec ce que nous vivons dans cette période de crise (rohhh je jubile encore… désolée). Zadig & Voltaire, célèbre marque pour ses jolis pulls en maille fine à prix exorbitants et à trous-sous-les-aisselles automatiques nous ont dessiné une marinière en deux finitions : version n°1 (la crise je ne connais pas) T-Shirt SWIM à 75 € et, version n°2 (la crise je la vis de l'intérieur de mon pull) : T-Shirt SWIM BIS à 85 €. Et oui!! Pour 10 € de plus, Zadig & Voltaire ne s'est pas foutu de notre gueule : ils trouent les T-Shirt à notre place! C'est pas une idée géniale? Plus besoin d'enfiler son pull ou son T-Shirt Z&V pour faire un trou… c'est déjà fait, et très bien fait! Les fashionistas du 16ème pourront se déguiser et afficher une pseudo déchéance économique pour se fondre dans la masse… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

lundi huit mars deux mille dix

Faute de grives on mange des merles ? Qu'à cela ne tienne : faute de Gevrey je bois du vin de Pays. Et je peux vous dire qu'il est pas encore né celui qui va me faire descendre de la piquette...Crisis? What crisis? Ce sont quand même des super clochards qui disaient ça. Disons-le tout net : ce n'est pas tant que le vin pas cher est dégueu, c'est surtout qu'on n'est pas foutu dans le pays du vin de reconnaître une belle petite bouteille bien faite d'un sombre jaja à l'étiquette pompeuse. Elle est là la vraie misère. Allez, je ne m'étale pas, ça ferait expert arrogant. Juste trois petits conseils à la sauvette pour passer la crise le gosier humide de bonnes choses sans faire hurler l'ami banquier. Conseil n°1 : personne ne va passer ses vacances d'été à Roubaix. Pour le vin à petit prix c'est idem : filez dans le sud. Ça ne sera pas forcément toujours meilleur, mais au moins vous avez toutes les chances que le raisin soit plus mûr. Quelles appellations ? Achetez-vous un guide Michelin (12 euros), en plus de boire meilleur vous réviserez votre géographie. Conseil n°2 : oubliez les appellations alléchantes. Vu votre pouvoir d'achat vous avez toutes les chances de goûter le pire du meilleur, alors que pour le même prix vous pouvez avoir le meilleur du pas forcément pire. Quelles appellations ? Vous êtes tenaces. Lisez votre guide (Michelin... 12 euros toujours). Conseil n° 3 : vous voulez fêter ces deux premiers conseils avec des bulles (car il faut savoir qu'en France, sans bulles la fête est ratée)? C'est con, mais c'est comme ça. Oubliez la Champagne où tous les vins sont trop chers et où la moitié sont dégueu et allez-donc acheter du Vouvray. Pour 6 euros vous aurez le même bruit à l'ouverture, autant de bulles dans le verre et avec un peu de malchance au moins autant mal à la tête le lendemain. Pop! À demain dans la crise!
L'autre Nicolas

5.3.10

vendredi cinq mars deux mille dix

Le printemps arrive, c'était prévu, mais dorénavant on a le droit d'y croire. Et ça tombe bien puisque tout le monde va finir en slip… On garde un œil sur le baromètre et on l'observe monter avec espoir à défaut de voir celui de la bourse changer d'inclinaison… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

3.3.10

mercredi trois mars deux mille dix

Aujourd'hui, j'ai un nouveau statut : travailleur sans Visa. Ce concept, mis en place par la Banque de France et ordonné par les banquiers, dont mon lèche bottes de conseiller financier (conseiller… si, si, vous avez bien lu), me remplit de doutes et de questionnements. Comment payer la facture de ce téléphone qui me permet de trouver du travail? Comment payer l'électricité qui alimente mon ordinateur? Comment payer le loyer de mon lieu de travail? Comment on fait pour travailler sans Visa? Moi, je ne sais pas… mon banquier non plus, mais ce n'est pas son problème et visiblement il n'a pas réfléchi à la question, et ses supérieurs non plus. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

25.2.10

vendredi vingt six février deux mille dix

C'est un véritable scoop! Bon, en même temps c'est écrit dessus… Mais quand même, c'est un scoop prodigieux!! Vous pensiez que tout était perdu, que cette crise n'en finirait pas de s'étaler sournoisement? Et bien, soyez enfin rassuré, le miracle est arrivé! C'est un élixir contenu dans un flacon de 300 ml avec des mots inscrits au dos comme "c'est fantastique", "formule magique", "important"… et sur le devant, cette phrase ô magique, inespérée, tant attendue : "Lave même le poil sans la main". Je passe sur l'état fébrile dans lequel cette découverte m'a mise et je vais directement aux faits. Le remède contre la crise est là, translucide, crémeux, mousseux, parfumé… et là, je me lâche : Marcelobil, Tave, FF, Jérémie, Seb (mille pardon!), Margotte et tant d'autres… retroussez vos manches et lavez-vous les mains avec cette potion magique. On compte sur vous… beaucoup. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

24.2.10

jeudi vingt cinq février deux mille douze

L'état de crise ne s'améliorant guère, et ceci jusqu'en 2014 selon les prévisions du FMI, il nous est indispensable de trouver des alternatives à cette pauvreté qui nous entoure et nous engloutit les uns après les autres… Fautes de grands moyens, je propose que l'on élargisse en un premier temps notre vocabulaire, ou notre "vocavulgaire" selon les cas, pour parler de notre compte en banque qui baisse à vue d'œil, de la motte de beurre qui fond elle aussi sur un réchauffé d'épinards. Pour éviter le sempiternel "Je n'ai plus d'argent", voici quelques expressions qui vous permettront d'annoncer la tête haute que vous êtes dans le rouge : je suis pauvre comme Job, fauché comme les blés, je n'ai plus un radis, que la peau et les os, plus un poil sur le caillou, plus une seule cacahuète, pas un seul billet sous le matelas, plus un seul peseta… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

23.2.10

mercredi vingt quatre février deux mille dix

Finou a un rire franc et un franc parler, un mari bricoleur (excuses-moi Aldo de ne pas t'avoir reconnu dans ton bleu de travail!), une maison conviviale, une grande table de cuisine… et une vieille machine à coudre. De papotage en bavardage, elle coud des sacs avec des matériaux qu'elle récupère ici et là : sacs à café reliquats de l'importation, rubans surplus de l'industrie textile et bouts de tissu en tous genre chinés au marché aux puces. Son premier sac, un prototype, elle le fabrique "vite fait mal fait"… d'autres sacs suivent, uniquement des pièces uniques cousues à la maison selon l'inspiration du jour. En période de crise, je trouve qu'il serait assez bien vu de ranger son sac Darel (même le Radel…) ou Vanessa Bruno (ainsi que le Vanessa Nubro) et porter un sac Vite fait mal fait en matières recyclées. Et pour savoir où vous le procurer, c'est ici… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

22.2.10

lundi vingt deux février deux mille douze

Supermarché Leclerc, Honfleur, ce week-end. Sur le tapis roulant, bien alignés les achats d'une cliente. Blonde, la cinquantaine improbable, peut-être juste quarante ans et les aléas de la vie en maquillage… Je détaille ses articles qu'elle pose dans cet ordre : 8 boîtes de cordon bleu, 4 pots de crème fraîche, 2 bries, 1 kilo de clémentines, 4 paquets de pain de mie en tranches, 16 crèmes dessert au café et 16 camemberts… Cela me rappelle ma maman, quand j'étais enfant, qui stoquait des kilos de sucre, de lait, de boîtes de conserves et de gâteaux dans un immense placard du garage. J'adorais regarder ces provisions accumulées au cas où une crise économique ou une troisième guerre mondiale venaient à éclater. J'attendais avec impatience ces hypothétiques catastrophes où je pourrai enfin manger tous ces gâteaux et ces denrées si bien gardées et si bien alignées comme celles de la cliente de Leclerc. Finalement, je remarque que dans les moments qui précèdent les grandes paniques, les gens s'affairent avec méthode et ordre. On accumule, on trie, on range, on stocke… avec soin.
Dans ce même supermarché, le même jour, sur le même tapis roulant, je viens de payer 10 litres de vin rouge en cubi, 1 pot de cornichons, 2 baguettes de pain et une bouteille de vinaigre blanc. À chacun sa méthode… À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

18.2.10

vendredi dix neuf février deux mille dix

Ligne 5, station Oberkampf, tard le soir. Deux amoureux qui rient. Rectification : ils ne rient pas, ils sont littéralement morts de rire, c'est une véritable crise de rire qui n'en finit pas de résonner et déraisonner dans la rame. Merci pour cette très jolie parenthèse, merci infiniment. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

jeudi dix huit février deux mille dix


La boucherie de Beuzeville, c'est le repère pour prendre la route qui mène à notre maison : "À la boucherie, tu tournes à droite…" Si on rate la boucherie, tout devient compliqué. Quand j'étais enfant, elle s'appelait La boucherie Landrin puis, il y a quelques années, le propriétaire a vendu à un autre boucher qui a posé une belle plaque au-dessus de la porte où l'on pouvait lire "La boucherie raisonnable". Et puis, crise oblige (?!!!), dernièrement la plaque a été remplacée par une autre où est écrit "La boucherie très raisonnable". À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

14.2.10

dimanche quatorze février deux mille dix

Paris 19eme arrondissement, un samedi après-midi dans un sous-sol surchauffé, des groupes de rock se succèdent sur une scène improvisée. Dehors, le vent et la crise soufflent toujours. Dedans la révolte s'organise. Les musiciens, non plutôt les gamins (ils ont entre 12 et 15 ans) arborent des T-shirts où l'on peut lire "Never mind the bollocks", "Fuck", "Nique ta mère"… ils grattent des Fenders sur un rythme mi Hendrix mi Sex Pistols et hurlent des "broken train", "de tout d'façon on en a rien à foutre", "on veut faire la révolution"… Mais quelle révolution? Celle de leur génération ou celle de leurs parents? Un quadragénaire explique à un autre que quand il était jeune il était fan des Doors et que ça lui a bouffé les oreilles. Son fils l'écoute, il porte un T-shirt à l'effigie de Jim Morisson. Moi je savoure… ce moment, cette conversation, l'ambiance électrique remplie de larsens et l'énergie de ces mômes qui braillent et s'agitent sur scène. Dans cette confusion cacophonique je m'attarde sur l'un d'entre eux, mon fils. Ses treize ans sont pleins de promesses et d'insouciance. J'admire cet état de grâce que lui procure la musique. Et là, j'ai une révélation : je vais tout miser sur lui… appeler mon banquier pour lui dire que ma rock star de fils va nous sauver du négatif bancaire et rassurer mes filles en leur expliquant qu'elles peuvent rater leurs études, ce n'est pas grave, on aura une maison à Miami avec une piscine en forme de guitare. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant