3.7.10

samedi trois juillet deux mille dix

Tout le monde ment… Je mens, tu mens, il ment, nous mentons, vous mentez, ils mentent. C'est un fait, le verbe s'accorde à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Donc, tout le monde ment. Les quatre mots s'alignent sur un panneau lumineux au beau milieu de la gare de Lyon. Il est sept heures trente du matin, les quais sont bondés, l'atmosphère moite, l'orage n'a pas encore éclaté. Les voyageurs ignorent le message. Ils s'en foutent, c'est les vacances… leurs vacances. Alors tout le monde peut bien mentir, moi, toi, lui, les politiciens, nos enfants, les profs, mon voisin, nos parents, etc., ce n'est pas grave. Je reste un bout de temps devant cette affiche, avant de faire une photo, à contempler le manque de ponctuation. Il n'y a ni point (le mensonge est sans fin), ni virgule (aucune suite, aucun rattrapage), ni point d'exclamation (nous sommes blasés), ni point d'interrogation (c'est une certitude)… Dans 10 minutes il y a un train qui part pour Menton. À bientôt dans la crise!
Le crotale hivernant

27.6.10

dimanche vingt sept juin deux mille dix

Le créneau est short. C'est très court deux heures. De dix-huit heures à vingt heures… c'est écrit. Avant c'est la merde… après ça recommence. Et à quel prix ce "Happy Hour"? À moitié prix c'est sûr mais surtout à celui d'une belle gueule de bois. Donc, c'est bien ça? Le "Happy Hour" c'est quand on est complètement ivre? À bientôt dans la crise!
Le crotale hivernant

2.6.10

jeudi trois juin deux mille dix

La vie, la belle… Une baignoire remplie d'eau chaude, un bateau de pirates Playmobil, un super Picsou géant et la vie devant soi. Aujourd'hui, j'ai reçu un mail de Sisyphe avec un hyperlien:
Compliquée, la crise? Tu parles, un enfant de 4 ans la comprend.
Alors, je vais voir et je lis. Instructif bien entendu… Mais là, les pirates attaquent le bateau, Donald est amoureux de Daisy, j'entends le lent plic plic régulier du robinet qui goutte comme une mélodie… Il est trop tôt, beaucoup trop tôt pour abandonner les pirates ou la lecture de Picsou et essayer de comprendre cette crise. Il a neuf ans, elle a quatre ans. Ils sont en âge de comprendre. Mais je ne veux pas qu'ils la comprennent… pas tout de suite. Un jour peut-être… Ou un jour jamais. Il faut d'abord qu'ils comprennent comment fonctionne le système solaire, comment un vélo reste en équilibre, comment on peut pédaler sans tenir le guidon, comment délivrer la princesse qui est attachée au mât du bateau… Comment être un gentil pirate mais avoir l'air méchant… Il faut d'abord qu'ils comprennent l'essentiel. La crise, on verra ça plus tard… et j'espère jamais. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

30.5.10

lundi trente un mai deux mille dix

New York, mai 2010. D'un côté il y a les chinoises et les blacks qui tirent des chariots remplis de canettes en acier dés l'aube. De l'autre il y a les freegans, jeunes, souvent salariés, et pas forcément dans le besoin, qui refusent de continuer à faire partie de cette société de surconsommation qui jette chaque jour aux ordures 50% de sa production. Les premiers vont trimer pour récolter assez d'aluminium et intégrer une bande organisée qui recycle les métaux trouvés dans les déchets des grandes villes américaines pour gagner quelques dollars de plus. Les seconds s'activent à la nuit tombée et opèrent en groupes pour récolter ce que les restaurants et supermarchés jettent : pain, légumes, gâteaux… dont la date limite de consommation s'arrête le jour même et qui sont pourtant encore consommable. Ce mouvement politique radical américain dénonce le grand gâchis mondial des consommateurs que nous sommes… un exemple à suivre. À demain dans la crise! (cliquez sur le lien bleu ci-dessus pour voir une vidéo des freegans)
Le crotale hivernant

25.5.10

mercredi vingt cinq mai deux mille dix

"Hé! maman… c'est des barres, le ED a été braqué avec un pistolet à billes!" Mon ado de fils est allongé sur son lit en jean et T-Shirt "Nique Ta Mère" home made. Il est mort de rire, l'annonce est diffusée sur son Facebook. Ce sont des gamins qui ont fait ça… Je fouille dans mon ordinateur et je récupère le texte que m'avait envoyé Boucle d'Or il y a quelques mois : "En 1929 la crise économique fait rage! Deux Robins des Bois décident d'aller chercher l'argent là où il est: Bonny & Clyde. Plusieurs épargnants ont vu leur fortune disparaître avec la faillite des banques. C'est donc une des raisons qui amènent les gens à les considérer plus comme des «Robins des Bois» que comme des criminels. À cette époque ceux qui commettent des vols de banque exercent une certaine fascination sur le peuple. La seconde raison qui fait que les gens ne les perçoivent pas comme aussi dangereux est l'amour qui les unit… Où sont nos Bonnie et nos Clyde version 2010 ?"
Bonnie & Clyde sont de retour. Ils sont beaucoup plus jeunes et beaucoup plus affamés : ils piquent des paquets de BN, des packs de bières et de la menue monnaie. C'est triste, le butin est si maigre. À la maison, j'ai des marmots, un pistolet à billes et un sac de billes… et le frigo plein pour l'instant. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant & Boucle d'Or

24.5.10

mardi vingt cinq mai deux mille dix

"La nourriture c'est de l'amour". Le poulet, le poisson… tout ça, c'est de l'amour. Je suis un peu troublée devant ce slogan peint sur une voiture ambulante de junk food. Pourtant je comprends les mots, mon anglais n'est pas trop mauvais. Mais quand je traduis ces trois mots, je ne comprends pas le sens. Ne disait-on pas "vivre d'amour et d'eau fraiche" jusqu'à présent? Visiblement tout a changé : si on manque d'amour on peut se rabattre sur la nourriture, combler le manque en ingurgitant des tonnes de bouffe… joyeux programme! J'ai envie de décoller les lettres et de pouvoir lire "Love is food". Plus tard dans la journée, j'enchaîne sur un Mac Do sur la sixième avenue : l'amour a un goût dégueulasse. Il est vite consommé, mal digéré, pas cher payé. Je reste sur ma faim et pourtant j'ai la nausée, mais tout ça sera très vite oublié. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

10.5.10

mardi onze mai deux mille dix

T'es dans quel camp toi? Celui des opprimés? Des oppresseurs? Des victimes? Des bourreaux? Des martyrs? Des tortionnaires? T'es dans quel camp?… Des chômeurs? Des travailleurs? Est-ce qu'on est vraiment obligé de choisir un camp? Est-ce qu'on est vraiment obligé d'être un éléphant bleu jeté à la rue, à la poubelle, aux encombrants? Parce qu'au final on devient encombrant, non? Non. Je ne vais pas choisir de camp, je vais rester Moi : avec un interdit d'émettre des chèques pendant les cinq années à venir (avenir?) et un billet d'avion Paris-New York pour un départ dans quelques jours… Je reste dans les deux camps, un point c'est tout. Je ne suis ni oppresseur, ni opprimée, ni victime, ni bourreau, je suis vivante et c'est déjà pas mal (même si ça fait mal). À demain dans la crise!
Le crotale hivernant