14.2.10

dimanche quatorze février deux mille dix

Paris 19eme arrondissement, un samedi après-midi dans un sous-sol surchauffé, des groupes de rock se succèdent sur une scène improvisée. Dehors, le vent et la crise soufflent toujours. Dedans la révolte s'organise. Les musiciens, non plutôt les gamins (ils ont entre 12 et 15 ans) arborent des T-shirts où l'on peut lire "Never mind the bollocks", "Fuck", "Nique ta mère"… ils grattent des Fenders sur un rythme mi Hendrix mi Sex Pistols et hurlent des "broken train", "de tout d'façon on en a rien à foutre", "on veut faire la révolution"… Mais quelle révolution? Celle de leur génération ou celle de leurs parents? Un quadragénaire explique à un autre que quand il était jeune il était fan des Doors et que ça lui a bouffé les oreilles. Son fils l'écoute, il porte un T-shirt à l'effigie de Jim Morisson. Moi je savoure… ce moment, cette conversation, l'ambiance électrique remplie de larsens et l'énergie de ces mômes qui braillent et s'agitent sur scène. Dans cette confusion cacophonique je m'attarde sur l'un d'entre eux, mon fils. Ses treize ans sont pleins de promesses et d'insouciance. J'admire cet état de grâce que lui procure la musique. Et là, j'ai une révélation : je vais tout miser sur lui… appeler mon banquier pour lui dire que ma rock star de fils va nous sauver du négatif bancaire et rassurer mes filles en leur expliquant qu'elles peuvent rater leurs études, ce n'est pas grave, on aura une maison à Miami avec une piscine en forme de guitare. À demain dans la crise!
Le crotale hivernant

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