12.4.10

mardi treize avril deux mille dix

Ligne 5, 23 heures 15, entre Bastille et gare du Nord… je ne sais plus. Elle monte dans la rame : très jeune, vingt ans à peine, blonde, mince, le teint diaphane, une écharpe rose fuschia nouée autour de ses frêles épaules. Sa bouche articule des mots que je ne comprends pas, Mademoiselle K hurle dans mes oreilles "On est tout seul la nuit…Et on compte que sur soi la nuit…/… Le doute existe…". Mais je n'ai pas besoin de comprendre ce que dit cette fille, ça se lit sur son visage, et tout au fond de ses yeux. J'ai subitement la nausée, elle est bien trop jeune pour ça… Quelle merde! Elle longe le couloir et tend sa main vers chacun… Ce soir tout le monde a la nausée dans la rame. Les pièces s'amoncèlent dans sa main. Elle ressemble à la petite fille aux allumettes. Est-elle en train de griller sa dernière allumette? Sa dernière chance? D'elle, il me reste cette image, floue parce que volée "à l'arrachée" au moment où elle me fait face et que je dépose moi aussi mon inconsistante pièce. Mais il me reste surtout un goût amer au fond du ventre proche de la nausée et une autre image beaucoup plus forte qui ne me quitte pas et qui s'accroche au fond de moi. C'est comme une morsure. La douleur est vive et tenace. À demain dans la crise…
Le crotale hivernant

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